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Open your eyes, Open your mind...

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19 avril 2011

Voyage - Epilogue

 

VOYAGE

 

Promesse de rencontres à venir

Espoir !

Trouverais-je ma route vers l'Inconnu,

Celui qui effraie, glace le sang

Et justifie notre immobile passivité ?

Renaître, vivre et mourir,

Se sentir frémir sous la douce brise de l'Incertain.

Cette impérieuse nécessité brûle chaque jour en moi.

Alors je cours vers toi, impatiente de t'apercevoir,

De sentir le Nouveau grandir en moi,

De transformer le fantasmé en une illusion palpable.

Fuir le doute, l'oppression d'un quotidien normé,

Cadré, encadré, cloitré, ou plus rien n'est improbable.

Je me refuse à rester dans le rang

Et à marcher au pas comme un bon petit soldat

A m'incliner, à sourire hypocritement

A vivre ma vie comme Ils l'entendent.

Je suis l'écharde qui dépasse de vos parquets lustrés,

L'épi qui rebique, impossible à plaquer, sur vos têtes pré-formatées,

Je suis le grain de sable qui enraye le système,

La carie dans la bouche des parlementaires,

Je suis la bactérie qui survit dans les mains aseptisées

De ceux la vie effraie.

Je suis … je suis... je suis

Un vagabond du monde.

Nourrie à ton sein, j'ai vécu au jour le jour,

J'ai réappris à vivre, à penser et respirer,

Ces sensations que l'on m'avait prises, confisquées,

Arrachées au nom de la bienséance et de la moralité.

Enfin, je les connais, enfin, c'est mon tour.

Tu m'as sortie de cette hibernation forcée

Où tout n'était qu'un pâle écho de la réalité.

Tu m'as donnée la réponse à cette question lancinante

« Vivre ou ressentir pourquoi devrais-je choisir ? »

En me murmurant « Vis ta vie plutôt que de l'intellectualiser. »

Mélissa Ndongo

Florie Ponsin

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25 janvier 2011

Tierra del Fuego : le bout du bout

    Coincée entre le Détroit de Magellan au nord et le Passage de Drake au sud, la Grande Île de la Terre de Feu a longtemps constitué pour les explorateurs un but à atteindre, une espèce de limite : la dernière terre habitable et habitée avant l'Antarctique.

Aujourd'hui cette symbolique entoure toujours  cette langue de terre, moitié chilienne, moitié argentine, et pour nombre de voyageurs elle constitue le point de départ ou l'arrivée de leur périple.

DSC_0096__R_solution_de_l__cran_    Au cours des premiers kilomètres sur l'île, côté chilien, l'on comprend mieux pourquoi Magellan, en la découvrant, l'avait tout d'abord surnommée Tierra del Humo (terre de fumée). Se dressant tel un voile entre nos yeux et la réalité : de la poussière, qui s'élève des routes serpentant entre les steppes désertes où seuls quelques ardents buissons ont encore la force de pousser sur ces terres arides et hostiles sans cesse balayées par les vents. Vent et poussière, voilà donc a quoi ressemblerait le bout du monde ? On se prendrait presque pour les hordeurs de Damasio, à contrer tant bien que mal les bourrasques qui soufflent en continu, effaçant pour mieux re-dessiner ces paysages désolés, où même l'homme semblent avoir ployer devant la nature : pas un village sur les 250 kms que nous parcourrons jusqu'à la frontière argentine. Voilà le prix à payer pour quiconque veut atteindre le bout du monde.

Mais quand vient le soir, un court répit nous est octroyé : le vent se calme, et nous levons la tête pour admirer ce ciel ambré,DSC_0120__R_solution_de_l__cran_ zébré de nuages étirés, effilés, effilochés par le zeph'. Ces images s'incrustent sur nos pupilles telles des paillettes d'or, on baisse les paupières pour enregistrer l'image (format RAW, haute qualité, 15 millions de pixels, hors de question d'en perdre une miette) et pour rembobiner la pellicule, on ré-ouvre les yeux, grands, trop grands, stupides que nous sommes, les rayons du soleil trouant les nuages nous transpercent la rétine, alors on plisse les yeux. Une légère brise nous indique qu'Eole se lève de nouveau, la nuit sera venteuse...

La route est encore longue pour atteindre Ushuaïa, el fin del mundo. Mais heureusement, la moitié argentine de l'île est plus accueillante que sa consœur chilienne. Le climat y est tout aussi rude, mais les paysages y sont bien plus vivants, bien plus divers. À Rio Grande, on côtoie l'Atlantique qui vient se fracasser sur les falaises abruptes de la Terre de Feu et tente de se frayer un passage dans le Détroit de Magellan; le long de la RN 3 s'élèvent, tels des bras squelettiques sortis de la tourbe à la recherche d'une main salvatrice, des coihues recouverts de barba del viejo; à Tolhuin, les forêts fuégiennes s'épanouissent le long du lac Fagnano dont les eaux, agitées par le vent, viennent régulièrement s'échouer sur les berges, leur ressac berçant nos nuits.

DSC_0048__R_solution_de_l__cran_    Après trois jours nous atteignons l'extrême sud de l'île. Là voilà enfin : Ushuaïa. Ushuaïa la rêvée, la désirée, la fantasmée.  Nous entrons dans la ville par la route qui longe la côte : sur notre gauche le Canal de Beagle étincelant sous le soleil, les docks, les containers, les voiliers; à droite la ville en escaliers, des cabanons colorés aux toits pentus, qui tente de s'affirmer sous le regard écrasant des Andes éternellement enneigées. Un étrange sentiment nous envahit : l'impression d'avoir abouti quelque chose et d'être récompensé pour avoir osé défier la Terre de Feu, et bien avant ça la route 40 et la Patagonie aux vents cisaillants et constants, aux routes défoncées et traîtres. Comme si l'île approuvait notre venue et nous honorer, nous, nos efforts et notre effronterie.

Le titre de ''ville la plus australe du monde'' est ce que la plupart des gens connaissent d'Ushuaïa, cependant c'est une ville pleine d'histoire, territoire des indiens Yamanas, colonisé puis christianisé, ville-prison, aujourd'hui centre touristique et point de départ de nombreuses excursions navales en Antarctique. Une histoire qu'il faut prendre la peine de connaître pour apprécier pleinement cette ville. Une histoire chargée qui semblent suinter de chaque pierre, et qui offre à Ushuaïa une aura particulière.

De plus, Ushuaïa possède ce charme des villes côtières, où les gens sont continuellement de passage et en partance, où les embruns marquent les visages, et où les vies se plient aux caprices de la mer et du temps. Car le climat y est en constant changement : pluie, vent, soleil, neige, les quatre saisons peuvent défiler en une seule journée. Ajouté à cela deDSC_0116__R_solution_de_l__cran_s nuits presque inexistantes où même les heures les plus noires sont toujours teintées de lumière et vous serez totalement perdu.

La voilà la vrai beauté d'Ushuaïa. Ce n'est pas son magnifique Parc Tierra del Fuego, ni son port, ni ses confiteria aux murs lambrissés, ni même ses bateaux d'expédition pour le Pôle Sud qui laissent rêveur. Non, Ushuaïa vous envoûtera totalement et ce à votre insu. Petit à petit, insidieusement, elle s'infiltra en vous, s'agrippera à vos tripes, croîtra dans votre cœur, jusqu'à prendre possession de vous. Et puis, les nuits sont trop courtes pour dormir, trop courtes pour rêver, alors on rêve éveillé, pour au final ne plus savoir ce qui est du domaine du réel et du domaine de Morphée. On arpente les rues constamment enveloppé d'une bulle cotonneuse somnambulique, sensation à la fois exquise et déroutante. Nos journées durent 20 heures et nos nuits quatre, ou est-ce l'inverse ? On ne sait pas, on ne sait plus.  Et qu'importe ? Nous somme au bout du monde ! Comme des milliers d'autres me direz-vous.

Oui mais UshuDSC_0148__R_solution_de_l__cran_aïa est grande en ça : elle est le bout de notre monde intérieur, différente pour chacun, et unique.

« Paysage de steppes immensément vides, s’étendant sous un ciel toujours nuageux et pesant comme près à s’écrouler, battu par des vents d’une incroyable violence, côtes découpées de nombreux fjords, glaciers, sommets enneigés, tout est extrême en Patagonie, les paysages, le climat, orageux et très froid et les sentiments qu’elle inspire : inoubliable. On est au bout de la route. » Jules Verne

Texte : Florie Ponsin

Photos : Mélissa Ndongo

4 décembre 2010

Patagonia, te amo...

    Après deux mois à travers le désert, à suer et avaler du sable, nous arrivons enfin en Patagonie.

Une terre pleine de promesses, de défis aussi, tant les conditions climatiques y sont extrêmes.

Une terre qui, dès les premiers kilomètres, nous a séduites.

DSC_0054__R_solution_de_l__cran_   Nous quittons momentanément la route 40 et nous offrons un répit inespéré : la région des lacs, début de la Patagonie. 110 kms sur lesquels s'étendent sept lacs, plus majestueux les uns que les autres. 110 kms que nous parcourons en une semaine avec Julien et son fidèle Bibi le combi.

Il est assez étrange de se retrouver dans cette oasis rafraîchissante et verdoyante où rien ne vient troubler notre tranquillité hormis le doux ruissellement de l'eau et le ''plouf'' de l'hameçon des pêcheurs à la mouche. Les jours défilent au rythme des ballades le long des lacs, des matés bus entre amis, des feux de camp.

On se lève, les yeux encore embués de rêve et on admire cette grandeur qui s'étale à perte de vue devant nous. On se croirait en Suisse, au Canada ou en Norvège. On perd nos repères spatio-temporels et ne cherchons surtout pas à les retrouver. DSC_0082__R_solution_de_l__cran_Nous revenons à l'essentiel.

Ces paysages font rejaillir nos élans poétiques et, une cigarette au coin des lèvres, un maté à la main, on refait le monde autour d'un feu. On voudrait rester ici pour toujours, s'enterrer dans ce qui nous apparaît comme l'Eden terrestre. Tout ce dont nous avons besoin est là : un paysage grandiose, une eau limpide, une bière du coin, des amis avec qui divaguer et philosopher. Tout le reste nous semble alors si superflu, si surfait. On ne veut pas la quitter, cette route des sept lacs, et pourtant dans quelques kilomètres elle prendra fin. Alors on grappille du temps, on adopte un autre rythme plus lent. Et puis, comment faire autrement quand les lacs eux-mêmes semblent vous retenir, et les Andes enneigées vous défier de les franchir ?

Mais la Patagonie ne nous a offert qu'une infime partie de ces trésors et nous reprenons la route le cœur lourd, mais bercés par la douce espérance de pouvoir s'émerveiller de nouveau. Prochaine étape, le Parque Nacional Los Alerces, toujours avec Ju et Bibi.

    Ici, l'alerce (immense cyprès pouvant atteindre 60 mètres et 4 000 ans) est roi. Qu'importe où nous nous promenions, il se rappelle à nous, grinçant au rythme du vent. En suivant les sentiers à travers la forêt, il suffit de tendre l'oreille pour entendre ses plaintes languissantes et larmoyantes. On croirait presque qu'il nous parle, à nous pauvre petit homme qui ne comprend pas grand chose aux choses du monde, et encore moins à celles de la nature. Tenterait-il de nous inculquer un savoir ancestral, dont il serait le gardien ?

DSC_0096__R_solution_de_l__cran_Un peu troublés par ce chant mystique, nous laissons nos pas nous guider à travers bois et bambous pour enfin atteindre le mirador à la vue incroyable ou la laguna escondida tant espérée. De nouveau, l'émotion nous submerge, la beauté des lieux nous subjugue. Le regard hagard, le souffle court, on se regarde et se parle comme pour s'assurer que tout ceci est bien réel. Et dans les yeux de l'autre on voit le même émerveillement que celui qui s'est emparé de nous. Oui tout ceci est bien réel, et oui, c'est à nous seuls qu'appartient cet instant. Ces quelques secondes suspendues en dehors de tout mais qui résonnent pendant longtemps à l'intérieur de nous.

Bien loin d'être rassasiés, on continue à découvrir, à rouler vers cet horizon enchanteur qui nous ouvre les bras et nous appelle.

 Comme dirait Alain Damasio « L'horizon ce n'est pas le ciel, c'est la terre parcourue, c'est le désert que tu traverses de bout en bout ».

La Patagonie andine nous offre cette nouvelle vision de l'horizon. Un horizon qui nous paraît tellement proche, là juste derrière les Andes enveloppant les lacs, que nous pensons pouvoir atteindre au prochain virage, mais qui au final nous emmène toujours plus loin, au-delà des terres connues et foulées par l'homme.

Un horizon qui, tel une boussole, nous indique le chemin à suivre.

Florie Ponsin

Photos : Mélissa Ndongo

28 octobre 2010

La route 40 : une route hors du temps.

    Traversant l'Argentine du nord au sud sur plus de 5 000 kms, la route 40 est devenue au fil du temps un passage incontournable pour les voyageurs. Légendaire, mythique, elle alimente de nombreux fantasmes et pour cause.

Capricieuse et changeante; graviers, sable, terre rouge, bitume, virages, précipices, nids de poule; elle ne vous acceptera que si vous vous pliez à elle. Dès les premiers kilomètres, on ressent que ce n'est pas une route comme les autres.

C'est une route qui se savoure, qui se déguste lentement.

Sur la route 40, on est comme hors du temps. Le temps qui tient le cruel décompte précis et inflexible de notre existence sur Terre, comme les bornes kilométriques qui avec une efficacité redoutable compte les kilomètres restants avant ''la fin du monde''. Le temps, après lequel on court sans cesse, que l'on cherche encore et toujours à maîtriser, que si souvent l'on voudrait étirer, distordre, écourter. Sur la cuarenta, le temps vous vous en moquez, vous vous en jouez, vous vous mouchez dedans, vous vous en habillez, vous lui riez au nez à gorge déployée. Non que vous le défiez ou le méprisiez. Mais il glisse sur vous, n'a plus d'emprise ni de texture. Vous vous offrez tout entier à lui, sans crainte ni pudeur, et lui ne vous en accepte que plus dans sa ronde incessante.

Sur la route 40, hors de question d'être pressé. Un envol de perruches, la traversée d'un troupeau de moutons, une tornade de sable vous font ralentir l'allure. Vous devez vous mettre au diapason de la route, l'écouter et la suivre, tel le métronome de votre voyage ou elle vous en fera baver. Les secousses à vous en rompre les os, le sable qui s'insinue partout, le vent qui vous lamine le visage, le soleil qui vous brûle la peau. Tels sont les obstacles que vous devez affronter. Cependant, elle n'est pas ingrate, la route 40, et si vous savez la dompter elle se donnera à vous dans toute sa démesure.

Sur la route 40, chaque pouce que vous parcourez, chaque kilomètre que vous avalez, vous offre autant de récompenses. Une lagune au creux des Andes non loin de Cachi, une cascade au milieu du désert à Amaïcha del Valle, les vallées de Famatina. Et vous estimez honteux d'avoir maudit cette route qui vous en aura fait voir de toutes les couleurs, vous vous sentez pisseux d'avoir pesté contre ses pistes défoncées, ses paysages arides et hostiles.

Sur la route 40, vous vous sentez seuls au milieu de nulle part. Vous pouvez rouler pendant des heures sans croiser ni personne, ni voiture. Juste quelques bourgs de cinq ou six maisons en pisé, les chevaux sauvages et les faucons pour voisins. Pas de technologie, pas d'impératif, pas de train à 17h18 et de rendez-vous à 18h20, pas de ''il faut que je mette à jour mon statut Facebook''. Non, sur la route 40 on ne pense à rien ni personne hormis au moment présent. On pense autrement, on envisage les choses autrement. On respire autrement.

Sur la route 40, vous y laissez une partie de vous-même. Celle qui, blasée, disait avoir tout vu et ne plus pouvoir s'émerveiller. Celle qui, déçue par les dieux et les homme, se refusait à octroyer sa foi à quoi ou qui que se soit. La route 40, elle, vous redonnera envie de croire que tout est possible, que le monde est à portée de main, qu'il suffit de tendre le bras pour toucher la félicité et de serrer les poings pour l'emmener avec soi.

    La route 40 elle a l'odeur douce des vignes de San Juan et de Mendoza, le toucher rugueux du sable de Cachi, le goût des milanesas de Doña Charo à Santa Florentina, l'apparence boiteuse et chaotique des Andes, le son du vent qui fouette et soulève la terre de Tucuman.

La route 40...

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Florie Ponsin

Photos : Mélissa Ndongo

15 octobre 2010

"Para el que mira sin ver, la tierra es tierra no mas"

    Si vous venez à voyager en Argentine ne passez pas à côté des provinces de Salta et Jujuy. Formant le nord ouest du pays, elles regorgent de paysages grandioses. Les circuits les plus emblématiques sont ceux de la Cuesta del Lipan et de la Quebrada d'Humahuaca.

La Cuesta del Lipan vous ménera de Purmamarca jusqu'aux Salinas Grandes, alors qu'en suivant la Quebrada d'Humahuaca vous arriverez jusqu'en Bolivie.

   DSC_0233__R_solution_de_l__cran_ Petit village encastré dans les montagnes à 120 kms au nord de Salta capitale, Purmamarca n'abrite guère plus de 500 habitants. Il est une des destinations prisée des touristes et des circuits organisés car situé entre Salta et Humahuaca. Nous vous recommandons donc de vous y rendre dans l'après-midi afin d'éviter la foule et de pouvoir profiter de ses maisons et chemins en pisé, de son marché artisanal, de la jolie église blanche Santa Rosa de Lima et surtout des alentours du village.

En effet, l'attrait principal de Purmamarca est son emplacement : au pied du célèbre Cerro de los Siete Colores (le Mont aux Sept Couleurs). Cette formation rocheuse aux strates de différentes couleurs change d'apparence au fur et à mesure que le soleil se déplace. Le matin vous le verrez ocre alors qu'en fin d'après-midi il vous apparaîtra violet. Bien qu'attrayant ce mont n'égale pas la beauté des montagnes alentours. Une ballade d'une demi-heure sur El Camino de los Colorados, derrière le village, vous offrira également toute une palette de couleurs et de géoformes magnifiques. Les guides touristiques vous recommanderont souvent de vous rendre sur ces sites au lever ou au coucher du soleil, mais la lumière la plus belle est celle du début de journée, aux alentours des 9h30-10h, ni trop franche, ni trop fade, elle dévoile l'incroyable variété de nuances de ces montagnes.DSC_0304__R_solution_de_l__cran_

De Purmamarca, en suivant la RN 52 nous longeons la Cuesta del Lipan, qui nous conduira aux Salinas Grandes (les Grandes Salines). Sur cette route, qui constitue en réalité les pré-Andes, nous atteignons quelques unes des altitudes les plus élevées du pays, passant ainsi de 2 192 m d'altitude à Purmamarca à 4 170 m au plus haut, pour ensuite redescendre à ''seulement'' 3 350 m sur la plaine saline. Les secousses sismiques et l'érosion ont modelé le paysage, qui change au détour d'un virage ou d'un vallon.

Après une heure et demi de montée (en comptant les arrêts « Rooh c'est beau prends une photo !! » et « Euh... je crois que Bobby a un coup de chaud ») nous apercevons les Salinas, immense étendue blanche que narguent les Andes toutes proches. Une heure de descente aux virages serrés sera nécessaire avant d'arriver en bas.

DSC_0429__R_solution_de_l__cran_Résultant de l'assèchement d'un lac, les 525 km2 de sel sont aujourd'hui en petite partie exploités. Sur place vous pourrez voir travailler les ouvriers qui draguent les piletones, bassins dans lesquels le sel est extrait après évaporation de l'eau. Le contraste entre la blancheur de la croûte de sel et le ciel bleu azur est déconcertant, il vous en ferait presque perdre votre sens de l'orientation. Profitant de cette illusion d'optique, vous pourrez vous amuser à prendre des photos créatives : « Hé hé regarde je tiens la montagne dans ma main » ou encore « On fait comme si tu glissais sur ma langue », à vous de voir !

    Depuis les Salinas, nous ré-empruntons la RN 52 pour rejoindre ensuite la RN 9 qui monte jusqu'à La Quiaca, ville frontière avec la Bolivie, et qui sillonne la Quebrada de Humahuaca. Canyon creusé par une rivière désormais asséchée, la quebrada est classée au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en raison des étonnantes formations rocheuses qui la composent. Ici encore les couleurs sont sublimes et changeantes, passant du blanc crème au rouge. Les montagnes alentours sont constellées de cardones, immense cactus qui contrairement à leur cousin, se nourrissent de l'humidité de l'air et non de celle de la terre. Ces spécimens végétaux ne fleurissent qu'une fois dans leur vie, à l'âge de huit ans, une seule fleur qui ne vit qu'une nuit. Ils ne poussent que d'un centimètre par an, la hauteur de DSC_0646__R_solution_de_l__cran_certains nous laissent donc supposer leur âge.

Sur la route nous passons le Tropique du Capricorne, où certains disent ressentir une énergie différente. Personnellement, nous n'avons senti que le vent nous fouetter le visage mais bon ...

    À 222 km de Salta, nous arrivons à la ville de Humahuaca, ses rues pavées, ses maisons en pisée, la Iglesia de la Candelaria. Depuis la place principale, nous montons les quelques marches qui conduisent au Monumento a la Independencia depuis lequel la vue sur la Quebrada est imprenable. Les Andes voisines s'offrent à nous, le désert s'exhibe dans toute sa grandeur, toute sa fierté. Profitez de votre DSC_0537__R_solution_de_l__cran_escale à Humahuaca pour tester la coca, cette feuille qui aide à lutter contre la puna (le mal des montagnes) et que les locaux mâchent à toute heure (ici on dit ''coquear''). Très amère et séchant la bouche, il est conseillé de la mastiquer avec de la bica (poudre de bicarbonate). Si l'expérience ne vous tente pas, vous pourrez aussi l'essayer en thé ou en gâteau.

Cette région de l'Argentine nous offre des routes somptueuses où la vue est tout simplement superbe, magnifique, splendide (pour faire simple prenez un dictionnaire des synonymes et cherchez le mot ''beauté''). Bien que cela puisse paraître surfait les mots sont réellement insuffisants pour décrire ces paysages et l'effet que l'on ressent. Oui on se sent tout petit face à la nature, oui on se dit que finalement l'être humain, cette espèce animale autoproclamée la plus évoluée de la planète, n'est finalement rien comparé à une telle majestuosité, à une telle intensité. On arrête le combi, on descend, on prend une photo, on respire, on est béates, on remonte dans le combi, on redémarre, on fait cent mètres et on s'arrête encore. On essaie de mettre des mots sur ce que l'on ressent, mais l'on y arrive pas.

Ce que nos yeux voient, ce que nos pores ressentent, ce qui fait frémir nos cellules, tout cela notre bouche ne peut l'articuler, notre cerveau ne peut '' l'emphraser ''.

Alors on roule toujours plus haut, toujours plus loin.

On en redemande...

Florie Ponsin

Photos: Mélissa Ndongo

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10 septembre 2010

Salta - L'ambivalente

    Ancrée au pied des Andes, Salta est la ville la plus touristique du nord ouest argentin. Elle reste l'une DSC_0123__R_solution_de_l__cran_des destinations favorites des touristes qui tombent rapidement sous son charme: architecture coloniale, impressionnants monuments religieux, printemps perpétuel, profusion de musées, bars et peñas. Bien que comptant près de 500 000 habitants, elle a su gardé l'esprit de village.

Cela fait maintenant plus d'un mois que nous vivons et travaillons à Salta, côtoyons des salteños et salteñas de tout âge, de toute catégorie sociale, ce qui nous a permis de voir au-delà de cette façade pittoresque, et ce qui frappe lorsque l'on prend le temps de gratter la surface, c'est l'incroyable ambivalence qui caractérise Salta.

La religion : clef de voûte sociale.

    Mélange de descendants d'indiens (peuple Quilmes, Chañares, Quechua, Talapaso, Incas entre autre) et de colons européens, la population de la Province de Salta vit au rythme des fêtes religieuses, héritage de leur histoire mouvementée.

Aujourd'hui encore, les rites et croyances andines persistent et sont suivis par bon nombre de gens, essentiellement les populations paysannes qui vivent à l'extérieur de la ville et qui ont su conservé la culture de leurs ancêtres. Religions polythéistes, elles portent le culte de la Terre et de la Nature. Le long des routes vous rencontrerez des sanctuarios, en hommage aux différents dieux. La célébration la plus significative est la Fiesta de la Pachamama (le mère nourricière, Mère Nature) le 31 août qui réunit, autour d'un immense autel improvisé dans le désert de Tolar Grande, des milliers de fidèles qui viennent déposer des offrandes, essentiellement de la nourriture et des boissons, pour remercier la Pachamama de sa bienveillance et s'accorder sa bénédiction avant la venue du printemps. Les adeptes de cette religion ont pour habitude de déverser un peu de leur boisson (café, maté, vin, bière) quand ils se servent un verre, afin de nourrir la Terre, qui leur transmettra en contre partie ses bienfaits. DSC_0109__R_solution_de_l__cran_

    Cependant dans la ville même de Salta, le catholicisme reste la religion dominante.

Fondée en 1582 par l'espagnol Hernando de Lerma, Salta, comme le reste des territoires occupés par les conquistadors, a été rapidement évangélisée. De l'époque coloniale subsistent aujourd'hui de magnifiques édifices religieux parfaitement conservés: l'atypique cathédrale rose sur la Plaza 9 de Julio, l'audacieuse Iglesia San Francisco aux exubérantes façades magenta et or, le solennel Convento de San Bernardo refuge des carmélites, sans compter les dizaines d'églises éparpillées dans le reste de la ville.

À Salta, bien plus que dDSC_0147__R_solution_de_l__cran_ans le reste de l'Argentine, la religion occupe une place prépondérante. Il suffit d'observer les gens dans la rue, dans le bus: huit personnes sur dix se signent en passant devant une église. De fait, les manifestations religieuses sont célébrées dans la démesure.

La plus frappante est la Fiesta del Señor et de la Virgen del Milagro, du 6 au 15 septembre, qui a réuni 200 000 personnes l'année dernière. Pendant quinze jours, trois messes sont dites en la cathédrale et à chaque travailleur est octroyé au moins un jour de congé pour s'y rendre. Des hauts-parleurs sont installés dans les rues afin de retransmettre les offices du milagrito (le 6 septembre) au cours duquel les élèves de toutes les écoles défilent dans les rues en exultant ''iglesia, iglesia'', et du milagro (le 15 septembre) où des milliers de catholiques, de la ville et la province de Salta, de tout le pays, se réunissent en procession. Les catholiques des villes de San Antonio de los Cobres, à 168 kms de Salta, et des Vallées Calchaquies Iruya, à 200 kms de la capitale, font le pèlerinage jusqu'à la cathédrale salteña à pieds.

L'origine de la Fiesta del Milagro

A la fin du XVI ème siècle, arriva au port péruvien de El Callao, l'image sacrée d'un Christ crucifié grandeur nature, seul vestige de la cargaison d'un navire espagnol ayant coulé. Celui-ci transportait une commande religieuse pour l'évêque de Tucumán, Fray Francisco de Victoria, qui souhaitait l'offrir à Salta à l'occasion des dix ans de sa fondation. L'évêque offrit donc à la ville ce qui avait pu être sauvé du naufrage, mais l'icône du Christ fut rapidement oubliée par les salteños.

Un siècle plus tard, le 13 septembre 1692, toute la province de Salta fut ébranlée par un puissant tremblement de terre. Le prêtre José Carrión reçut alors en rêves la révélation selon laquelle le tremblement de terre prendrait fin si les salteños ressortaient les images del Señor et de la Virgen Maria offertes cent ans plus tôt et les honoraient en les exhibant dans les rues. Et les secousses cessèrent effectivement après la procession.

Depuis, afin de remercier le Christ et la Vierge, les salteños les célèbrent la deuxième semaine de septembre.

Ce fervent catholicisme, quelque peu effrayant, se retrouve jusque dans les écoles publiques où le catéchisme est souvent obligatoire et où les enseignants ''llenan la cabeza de los jovenes'' dixit un salteño, avec des préceptes d'autres temps. En pratique cela donne une population très fermée à l'homosexualité, bien que l'Argentine ait autoriser en juillet le mariage homosexuel, et totalement opposée à l'avortement (toujours interdit dans le pays sous la pression des catholiques), d'où la prolifération impressionnante de jeunes femmes enceintes et de bambins. 

Devant une telle ferveur religieuse, on est en droit de penser que le couple est sacré, que la monogamie est ancrée dans les mœurs et ce sans compromis possible. Que nenni !

Les relations homme-femme: tu fais le chat et je suis la souris ?

    Bien sûr, en venant dans un pays latin on s'attendait à rencontrer quelques spécimens du macho typique, je roule des mécaniques et je siffle les filles. Cependant, Salta dépasse de très loin cette image stéréotypée.

    Les salteños sont réputés pour être des dragueurs invétérés mais la frontière entre dragueur et pesado y bavoso est mince. Alors, oui, d'accord, dans 75 % des cas un homme vous tiendra la porte, vous laissera passer devant, vous cèdera sa place dans le bus ou vous aidera à porter vos courses. Néanmoins, dans 95 % des cas il vous déshabillera du regard ostensiblement, vous sifflera quand vous marcherez dans la rue, vous glissera un ''hola'' quand vous le croiserez, vous enverra des baisers en passant en voiture. Serait-ce le printemps perpétuel qui règne sur Salta tout au long de l'année, qui est à l'origine de cette débauche d'hormones surexcitées ? Nous nous posons sérieusement la question depuis un mois et voici ce qu'il ressort de nos observations.

Tout d'abord, il faut se montrer. Sortez un vendredi ou un samedi soir à la Balcarce, la noche de Salta, faites un tour dans ses bars et boliches, et vous comprendrez. Les chicas sortent leur plus beaux habits, souvent inspirés de la mode des telenovelas : rouge à lèvres rouge pompier, mini-jupe, leggings léopard; et les chicos arborent leur plus belle coiffure (vous vous souvenez des coupes de cheveux des footballeurs des années quatre-vingts ? Court devant et long derrière ? Ben voilà, c'est ça leur plus belle coiffure). Les pions se mettent en place et la partie commence. Les chicas tournent et tournent, se pavanent, se remaquillent, se recoiffent, mais ne dansent pas. Surtout pas, faudrait pas que j'ai l'air ridicule et puis je sais pas danser avec des talons de 18 cms de haut. Les chicos observent, se trémoussent un peu, c'est toujours mieux pour attirer les filles, verrouillent leur cible et passent à l'attaque. Je te prends la main, je danse la cumbia avec toi, je t'offre un verre. Rituels très proches de ceux qui ont lieu en France me direz-vous. À la différence près, qu'une fille ne refusera jamais une danse et que taper la main de son prétendant ou pousser un cri proche des ultra-son ne fait pas partie des coutumes salteñas, vous passerez à coup sûr pour une folle.

Je vous entends déjà dire « Non, mais là Florie, tu vas un peu loin. Ils sont en boîte, ils sortent pour s'amuser. » et je vous répondrais « C'est exact, ils sortent pour s'amuser, mais s'amuser implique-t-il d'être infidèle ? »

Car le vrai ''problème'' est là. Hommes comme femmes, vous dragueront sans scrupule même s'ils sont en couple. « Uno para la seguridad, diez supleantes para divertirse » résume un peu leur conception du couple. À Salta, la grande majorité des couples sont infidèles, ils l'assument et ne s'en cachent pas. Il est normal de chercher de nouveaux compagnons sur internet ou de draguer ses collègues de travail.

    Cette liberté de mœurs s'explique par deux raisons. La première est la persistance des mariages arrangés. Pour faire bonne figure, une personne issue d'une bonne famille et qui possède deux noms de famille se doit d'épouser un partenaire de même rang social. Mariage de raison et non d'amour qui à la longue engendre l'infidélité. La deuxième raison, plus propre aux filles issues de classes sociales modestes, est le mythe du bel et riche hidalgo qui viendra les sortir de leur quotidien ennuyeux et sans saveur. Mythe entretenu par les telenovelas, réelle institution pour les femmes de 15 à 40 ans, qui à la longue ne cherchent à s'en sortir qu'en trouvant un bon parti. Alors elles sortent, elles tournent, elles testent...

    Salta, de par son mélange culturel, de par ses habitants qui restent les parmi les plus chaleureux que nous ayons rencontré jusque là, de par son climat incroyablement clément, est l'une des villes argentines qui a le plus à vous offrir.

En plus des habituelles attractions touristiques, elle possède ce petit truc en plus qui vous accroche, vous titille ou vous déplaît mais ne vous laisse pas indifférent.

Si vous y passer, faites attention ! Nombre de touristes y passent pour un week-end et y restent une semaine, deux, voire deux mois...comme nous.

Florie Ponsin

Photos : Mélissa Ndongo

27 juillet 2010

Parque Nacional Iguazú

    Les Cataratas del Iguazú (chutes d'Iguazu) sont l'un des lieux incontournables d'Argentine. Situées à l'extrême nord du pays, elles se forment dans le Río Iguazú qui marque la frontière entre le pays et le Brésil.

Inscrit au patrimoine mondial de l'humanité depuis 1984, le Parque Nacional Iguazú, protège les rives du fleuve côtés argentin et brésilien ainsi que la faune et la flore locales.

Ne manquez surtout pas d'y faire un tour, le spectacle étant à couper le souffle.

 

    L'entrée argentine du parc se trouve sur la RN 101 à 20 kms au sud est de la ville de Puerto Iguazú. L'accès en est aisé, le parc proposant de vastes parkings pour stationner, ainsi qu'un chenil où laisser votre chien le temps de la visite (environ 5 heures), ce qui n'est pas le cas de tous les parcs nationaux. Le prix de l'entrée est un peu élevé, 85 pesos pour les étrangers, mais est compensé par les nombreux services offerts par le parc et par son entretien impeccable. En début et fin de circuits vous trouverez des places aménagées avec restaurant; bar et toilettes, mais le mieux est de venir avec un pique-nique que vous dégusterez en face des chutes, au milieu de la forêt ou sur la plage.


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Afin de profiter au maximum du spectacle, nous vous conseillons de vous rendre au parc tôt le matin (il ouvre à 8h d'avril à septembre et à 7h30 d'octobre à mars). Le tour complet du parc peut se faire en une journée, à un rythme plutôt tranquille. Néanmoins si vous souhaitez en découvrir plus vous pouvez vous inscrire à une des nombreuses excursions à thème qui vous révèleront les autres trésors du parc. Comptez tout de même environ 150 pesos, en plus de l'entrée du parc.

Vous pouvez demander à être accompagné gratuitement d'un guide pour la visite mais vous serez alors associés à un groupe d'environ vingt visiteurs. Les sentiers étant parfaitement balisés, demandez simplement un plan du parc à l'accueil et faites la visite seul, à votre rythme, pour plus de tranquillité et de liberté.DSC_0054

Même s'il s'agit d'un parc naturel, vous ne pouvez pas sortir des chemins indiqués pour des raisons de sécurité et de protection de l'environnement. Il n'est pas utile de se munir de chaussures de randonnées car le terrain est parfaitement praticable, plat la plupart du temps, mais de bonnes baskets sont quand-même indispensables, l'eau étant partout certains passages sont glissants et les accès aux chutes souvent boueux.

    Plusieurs circuits sont indiqués de manière à découvrir toutes les facettes du parc. Pour éviter la cohue et les visites organisées, nous vous recommandons de débuter votre excursion par le Circuito Inferior long de 1,4 kms depuis lequel vous aurez une vue imprenable depuis le pied des chutes Salto Alvar Nuñez, Salto Bossetti et Salto Dos Hermanas. Passerelles enjambant les chutes, sentiers traversant la verdoyante jungle alentour, 1h30 de promenade au rythme de l'eau qui se fracasse à quelques mètres de vous.

DSC_0275Au bout du Circuito Inferior, vous trouverez un petit embarcadère où des bateaux vous feront traverser le fleuve jusqu'à la Isla San Martín. La traversée est gratuite et dure...cinq minutes ! Pour ceux qui le désirent, le parc propose des excursions d'une demi-heure en canot le long du fleuve pour 25 pesos ou d'un quart d'heure en zodiac jusqu'au pied des chutes pour 50 pesos. L'île étant relativement petite vous en ferez le tour en à peu près une heure. L'île est le cœur des chutes, située au milieu, elle offre un panorama saisissant sur toutes les chutes environnantes. De là-haut vous pourrez admirer toute la puissance de l'eau, sa force tout aussi vitale que destructrice, en pleine action.

Attention, les escaliers montant en haut de l'île sont extrêmement raides, il est donc formellement interdit aux personnes souffrant de problèmes cardiaques ou femmes enceintes de s'y rendre. Pour les autres, nous vous suggérons de faire votre pause repas après avoir visité l'île, installé sur ses plages, face aux chutes, en plein soleil. Votre repas n'en sera que meilleur.

    Poursuivez votre visite par le Circuito Superior qui suit en fait le Circuito Inferior, mais depuis le haut des chutes. Il est aussi deux fois moins long et offre moins de points de vue que son homologue, cependant ne le négligez pas.

Rendez-vous ensuite à la Estación pour un petit tour en train écologique jusqu'à la Garganta del Diablo (gorge du diable) LA chute du parc. Le trajet en train dure 25 minutes, mais elle peut aisément s'effectuer à pied en 45 minutes. Et oui le train roule à une allure tout bonnement effrayante de 5kms/h !

Pour atteindre la Garganta del Diablo, vous devrez emprunter une passerelle de 1 100 mètres de long au-dessus du Río Iguazú, d'où vous pourrez contempler ce paisible fleuve peu profond. Le calme avant la tempête. Au bout de la passerelle, une immense plate-forme surplombe le Salto Unión, ses 72 mètres de haut lui conférant le statut quatrième chute la plus haute du monde. DSC_0522

    La foule est amassée le long des rambardes de sécurités, les photographes perchés sur des escabeaux pour vous photographier « vous devant les chutes ! ». On joue des coudes, on bouscule, on s'excuse. Et enfin elle apparaît : la Gorge du Diable. La vapeur dégagée par les 1 750 m3 d'eau brassée par seconde est telle que l'on ne peut apercevoir le bas des chutes. Le spectacle est hallucinant, ahurissant, faisant appel à tous nos sens : le bruit est si fort que l'on ne s'entend pas parler, à peine s'entend-on encore penser; des gouttelettes d'eau nous éclabousse le visage, nous trempent les cheveux; nos yeux ont du mal à suivre la vitesse affolante de l'eau. Un coup de coude rageur d'un touriste souhaitant lui aussi se rapprocher des chutes vous sortira certainement de cette torpeur hébétée mais le jeu en vaut la chandelle.

    Site naturel d'une rare beauté, le Parque Nacional Iguazú est l'une des merveilles d'Argentine et sans aucun doute du monde. Il ne manquera pas de vous époustoufler et de vous émouvoir.

Florie Ponsin

Photos : Mélissa ndongo

22 juillet 2010

Rosario, Cayasta

    Après avoir quitté Buenos Aires nous nous dirigeons donc vers le nord est avec pour destination finale Iguazu. Premières étapes de ce trajet : la province de Santa , et plus précisément les villes de Rosario et Cayastá.

    Située à 300 kms de Buenos Aires, Rosario est accessible depuis la Capital Federal par l'autopista 9 : comptez 3h de trajet en voiture; 4hs en colectivo. Elle s'étend le long du Río Paraná, fleuve qui marque la frontière avec la province d'Entre Rios.

Ville de naissance du Che, la ville ne conserve aujourd'hui du révolutionnaire que la maison qui l'a vu naître et qui n'est pas ouverte au public. Ironie de la situation c'est désormais un hôtel particulier très bourgeois. L'intérêt du centre ville réside essentiellement à l'est de la ville aux alentours de la très jolie Plaza 25 de Mayo. A côté de celle-ci se trouve la cathédrale deDSC_0085__R_solution_de_l__cran_ la ville consacrée à la Vierge; contre laquelle est conservé le bâtiment de la toute première école de la ville construite au XVIII ème siècle.

Derrière ce monument religieux se dresse le Monumento Nacional a la Bandera dans lequel repose la dépouille de Manuel Belgrano à qui l'on doit l'actuel drapeau argentin. Cet immense édifice est le symbole du patriotisme argentin; et de la fierté de toute une patrie qui lutta pour son indépendance. Le drapeau national est d'ailleurs célébré tous les ans à Rosario lors de la Semana de la Bandera qui se tient la semaine du 20 juin.

DSC_0023__R_solution_de_l__cran_Depuis ce monument vous pouvez rejoindre les superbes berges du Río Paraná qui ont été aménagées pour les joggeurs, cyclistes et autres promeneurs. Anciennement dédiées à l'exploitation industrielle et à l'activité portuaire; ces berges constituent aujourd'hui le cœur de la vie culturelle rosarina. En effet; les anciens entrepôts de marchandise ont été réhabilités en école d'arts urbains; Casa de la Poesia et musée d'art contemporain (MACRO : Museo de Arte Contemporeano de Rosario). Toute l'année la programmation culturelle y est très riche: concerts, théâtre, expositions. Prenez le temps de flâner sur les promenades, dégustez un succulent et gigantesque choripan especial; et remontez jusqu'au Parque de EspañaDSC_0058__R_solution_de_l__cran_ qui s'anime en fin de journée, à la sortie des écoles.

De nombreuses compagnies fluviales proposent également des promenades en bateau ou des traversées pour rejoindre les îles qui font face à la ville.

    Pour tous les passionnés d'histoire et de vieilles pierres; nous vous conseillons de vous rendre à 150 kms au nord; au-dessus de Santa Fé; au Parque Arqueologico de Cayastá. C'est ici que fut construite à l'origine la ville de Santa  en 1573 par Juan de Garay, un colon espagnol. Situé au bord du Rio San Javier, le site offrait toutes les conditions indispensables pour s'établir: un terrain surélevé qui limitait les risques d'inondations, des terres fertiles et de l'eau à profusion pour l'élevage et l'agriculture. Cependant en 1671; la population décida de déplacer la ville; qui était très souvent isolée par les crues récurrentes du fleuve; sur le site de l'actuel Santa Fé. Emportant avec eux vêtements; ustensiles; bêtes; fenêtres et planches de bois, il leur fallut dix ans pour parcourir les 76 kms séparant les deux emplacements, pour ensuite construire la ville à l'identique !

Las Ruinas de Santa  La Vieja se compose de nos jours des vestiges de la Iglesia San Francisco, du cabildo (hôtel de ville); d'une maison reconstituant le vie de l'époque et d'un musée retraçant l'histoire de la ville; où sont exposés des objets (poteries, armes; bijoux) des époques pré et post coloniales. Dans l'immense parc où des recherches sont encore en cours, vous pourrez jeté furtivement un œil aux fouilles.

Ce site vaut vraiment le détour; et pour seulement 2 pesos vous pourrez parfaire votre culture sur l'histoire de l'Argentine, profiter d'une ballade le long du Rio San Javier et aider à l'enregistrement du site auprès de l'UNESCO.

    En s'éloignant de seulement 300 kms de Buenos Aires ( je dis « seulement » au vu de la taille du pays ) l'on ressent déjà un changement quant au train de vie des gens, plus posés, plus calmes. On découvre également d'autres paysages, notamment sur la RP 1 de Rosario à Cayastá: étangs, cabanons colorés, chevaux. Prémisses de la suite du voyage ? On le souhaite, on l'espère !

Florie Ponsin

Photos : Mélissa Ndongo


16 juillet 2010

Plongez dans l'univers de Buenos Aires

Tout d’abord, nous nous excusons pour le délai assez long de publication de cet article. Et oui, Bobby nous a pris tout notre temps ces dernières semaines !

Alors afin de clôturer le chapitre Buenos Aires, voici un article sur les quartiers les plus « typiques », les plus sympas de la ville : Palermo et Palermo Viejo au nord, San Telmo et La Boca au sud.

Palermo se compose en grande partie de vastes espaces verts dessinés à la fin du XIX ème siècle par le français Charles Thays : Parque Tres de Febrero, le Zoo, le Jardin Botanique. Le Jardín Japonés est notamment l’un des lieux favoris des flâneurs. Offert et entretenu par la communauté japonaise de Buenos Aires, ce parc offre un petit coin de zénitude en plein cœur de la ville. C’est dans ce quartier que siègent la plupart des ambassades étrangères et les musées les plus DSC_0015intéressants.

N’hésitez pas à faire un tour au MALBA (Musée d’Art Latino-américain de Buenos Aires) dont l’exposition permanente propose une anthologie des œuvres les plus significatives des artistes modernes et contemporains du continent sud américain (Berni, Botero, Dias, Barradas, Xul Solar). L’exposition temporaire est consacrée jusqu’au 2 août au photographe américain Robert Mapplethorpe, Eros and Others. Au fil de cent trente clichés noir et blanc pris en studio entre 1975 et 1988, on découvre les thèmes redondants de l’œuvre du photographe : les natures mortes, les célébrités (Warhol, Patty Smith, Annie Leibovitz), le corps masculin et l’homosexualité. Des clichés chargés d’une grande force émotionnelle, où transparaissent pêle-mêle le désarroi, la beauté et le désir sexuel derrière la perfection de la lumière, du grain et de la pose. Une œuvre à l’image de son créateur, un homme subversif, charnel, qui vivait entièrement ses passions malgré le regard sceptique et accusateur de l’époque. A voir, à vivre, à ressentir…

DSC_0070__R_solution_de_l__cran_Pour vous remettre de cette claque émotionnelle, remontez la calle José Luis Borges (où a vécu l’auteur à la fin de sa vie) qui vous mènera au cœur du Palermo Viejo, auquel les maisons carrées de brique rouge et les rues pavées donnent des allures british. Ce quartier abonde de boutiques de créateurs (vêtements et déco), de librairies, de restaurants et cafés. Flânez dans le Pasaje Russel aux murs presque entièrement graffés, arrêtez-vous au Bar Utopia pour déguster l’une des meilleures torta de chocolate de la ville, à côté de la Plaza Cortazar. Sur celle-ci se tient tous les week-ends un marché artisanal.

Au sud de Buenos Aires se trouvent les deux autres quartiers historiques de la ville : San Telmo et La Boca.

A San Telmo, emblème du Buenos Aires bohème, se succèdent les mercado où les portiques de vêtements côtoient les étals des maraîchers et des bouchers. Vous y trouverez également nombre d’antiquaires, friperies et bouquinistes qui entretiennent la mémoire du vieux Buenos Aires. Le week-end, la calle Defensa accueille un marché aux puces où des dizaines d’artisans, créateurs, aquarellistes, portraitistes et musiciens se bousculent pour se faire une place sur les trottoirs.

Pour ceux qui souhaiteraient parfaire leurs connaissances sur l’histoire du pays, je vous conseille le Museo Historico Nacional qui retrace les évènements marquants du pays, notamment la bataille de 1806 qui opposa Espagnols et Britanniques dans la rue Defensa. Une milice porteña réussit alors à repousser les Anglais alors que l’armée espagnole était en déroute. Cet évènement prouva aux porteños qu’ils pouvaient tenir tête à une armée régulière et trois ans plus tard, ils gagnèrent leur indépendance.

Pour finir ce petit tour de Buenos Aires, comment ne pas parler deLa Boca, quartier emblématique de la ville, cœur du  DSC_0036__R_solution_de_l__cran_tango ? Si vous n’aimez pas vous sentir touriste, ne mettez surtout pas les pieds dans El Caminito ! Mais une fois esquivés les rabatteurs de restaurants, les sosies de Maradona, les vendeurs de tee-shirts I love Bs As, on passe vraiment un très bon moment. Asseyez-vous à la terrasse d’un restaurant, dégustez une succulente pièce de viande et admirez les danseurs de tango exécuter cette parade amoureuse toute en tension, en non-dits et en regards, que seuls les Argentins sont capables d’accomplir avec autant de grâce et d’harmonie.

Difficile de résumer en quelques mots la ville éclectique, variée et en constante mutation qu’est Buenos Aires. Ce que nous en retiendrons ? Le bruit, la pollution, les conducteurs fous bien sûr. Mais aussi et surtout une histoire riche profondément ancrée chez ses habitants, des gens chaleureux, une passion viscérale pour le foot et des quartiers sublimes qui réservent de bonnes surprises une fois sortis des sentiers battus.

Florie Ponsin

Photos : Mélissa Ndongo

4 juillet 2010

Petit guide pour l'achat d'un véhicule en Argentine

    Bien que vous puissiez facilement voyager à travers l'Argentine grâce aux transports en commun (essentiellement les bus colectivos au réseau très développé) il est parfois plus facile d'acheter un véhicule afin d'être libre de ces déplacements, notamment lorsque vous voyagez avec un chien ou des enfants.

Voici donc quelques instructions à suivre si vous désirez acheter une voiture en Argentine.

 

    La première chose à faire avant de commencer vos recherches est de régler les démarches administratives qui vous permettront d'acquérir un véhicule. Pour pouvoir faire établir à votre nom la cedula verde, équivalent de la carte grise, vous aurez besoin de deux papiers. Le premier est un certificat de domicile. Pour ce faire, rendez-vous au commisariat de police le plus proche de votre domicile ou hôtel, présentez votre passeport original (surtout pas de photocopie), donnez l'adresse où vous vivez, payez 10 pesos, et attendez le lendemain chez vous qu'un agent vienne vérifier que vous habitez bien à l'adresse donnée. Il vous délivrera aussitôt votre certificado de domicilio (ou constancia de domicilio).

Le deuxième papier nécessaire est un numéro d'identification nationale appelé CUIL (Código Único de Identificación Laboral) qui normalement est attribué à tout nouveau travailleur. Là où ça se complique pour les étrangers est que ce numéro ne peut pas être émis si vous ne possédez qu'un visa touristique de 90 jours. En tant qu'étranger vous devez en faire la demande auprès du bureau de l'AFIP correspondant à votre zone géographique, muni avec votre constancia de domicilio, de votre passeport original et d'une photocopie, et ils vous établiront un numéro sous deux ou trois jours. http://www.afip.gob.ar/ Si vous n'arrivez pas obtenir un CUIL ne vous inquiétez pas, un petit tour de passe-passe administratif réglera le problème (voir plus loin dans l'article).


    Lorsque que vous êtes enfin munis de ces deux sésames commencez vos recherches de véhicule. Il est fortement conseillé de faire ces démarches administratives avant car le temps de délivrance de ces papiers peut être très long.

Afin de trouver la voiture de vos rêves, consultez les petites annonces des sites internet spécialisés et concentrez-vous sur les annonces de particuliers. Les concessionnaires proposent souvent des offres alléchantes qui s'avèrent en réalité fausses et hors de prix. Les sites les mieux fournis et les plus connus sont MercadoLibre http://vehiculos.mercadolibre.com.ar/, DeAutos www.deautos.com/, et DeMotores http://autos.demotores.com.ar/. Vous pouvez également consulter les publications des mercredi et jeudi des quotidiens nationaux Clarín et La Nacion.

Avant de prendre rendez-vous avec un vendeur potentiel, n'hésitez pas à le contacter par mail ou téléphone pour qu'il vous confirme plusieurs choses importantes. Tout d'abord, assurez-vous que le vendeur est bien le propriétaire du véhicule. Il est courant en Amérique du Sud que les gens achètent une voiture sans mettre les papiers à leur nom, puis les revendent, ce qui complique l'établissement de la cedula verde à votre nom. Deuxième chose non négligeable, demandez-lui si la Verificación Técnica Vehicula, VTV, (équivalent du contrôle technique) est toujours valable. Sans cela vous risquez de fortes amendes, voire de ne pouvoir passer dans d'autres pays. Lors de votre rencontre avec le propriétaire, exigez de voir les papiers du véhicule (cedula verde, VTV, assurance aseguro) et surtout de le conduire !

Prospecter, essayer, regardez, négociez, concluez la vente.

 

    Vous avez vos papiers, vous avez trouvé la voiture (ou le combi) de vos rêves, vous avez fixé un prix avec le vendeur, il ne reste plus qu'à faire établir la cedula verde à votre nom. Présentez-vous avec le vendeur au Registro Nacional de la Propriedad del Automotor où le véhicule est enregistré, avec votre passeport original, la constancia de domicilio et le CUIL, et remplissez le formulaire adéquat. Cette procédure coûte 150 pesos, et la cedula verde vous sera délivrée sous huit jours.

Si vous n'avez pas pu obtenir de CUIL et qu'ainsi vous ne pouvez avoir de carte grise à votre nom, proposez au vendeur de faire une cedula azul. Cette carte vous autorise officiellement à conduire le véhicule à l'intérieur du territoire argentin et dans les pays limitrophes. Elle vous sera procurée au même endroit que la cedula verde, avec les mêmes papiers. Son coût est de 65 pesos. La faille de ce système est que le véhicule reste au nom du vendeur, et que vous n'êtes pas considéré comme propriétaire mais seulement comme conducteur. En cas de problème avec le véhicule (accident, excès de vitesse), ce sera le vendeur qui recevra les contraventions et autre. Il faut donc que le vendeur soit d'accord et que vous l'assuriez de votre honnêteté. Par la suite vous devrez également le recontacter si vous souhaitez revendre le véhicule. De plus, il n'y a aucune preuve officielle que vous l'ayez acheté, donc demandez au vendeur qu'il fasse un certificat de vente, en cas de litige ultérieur.

Petit conseil: la plupart des établissements administratifs en Argentine sont ouverts de 8h à 14h, donc allez-y de bonne heure pour éviter une attente longue et parfois vaine.

    Vous êtes maintenant l'heureux propriétaire d'une voiture, camionnette, combi ou tout autre moyen de locomotion motorisé. Vous pensez avoir fait le plus dur en survivant aux méandres administratifs, aux files d'attentes interminables, aux escrocs et à la barrière de la langue ? Détrompez-vous le plus difficile reste à venir: conduire en Argentine !

Florie Ponsin

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