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Open your eyes, Open your mind...
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28 octobre 2010

La route 40 : une route hors du temps.

    Traversant l'Argentine du nord au sud sur plus de 5 000 kms, la route 40 est devenue au fil du temps un passage incontournable pour les voyageurs. Légendaire, mythique, elle alimente de nombreux fantasmes et pour cause.

Capricieuse et changeante; graviers, sable, terre rouge, bitume, virages, précipices, nids de poule; elle ne vous acceptera que si vous vous pliez à elle. Dès les premiers kilomètres, on ressent que ce n'est pas une route comme les autres.

C'est une route qui se savoure, qui se déguste lentement.

Sur la route 40, on est comme hors du temps. Le temps qui tient le cruel décompte précis et inflexible de notre existence sur Terre, comme les bornes kilométriques qui avec une efficacité redoutable compte les kilomètres restants avant ''la fin du monde''. Le temps, après lequel on court sans cesse, que l'on cherche encore et toujours à maîtriser, que si souvent l'on voudrait étirer, distordre, écourter. Sur la cuarenta, le temps vous vous en moquez, vous vous en jouez, vous vous mouchez dedans, vous vous en habillez, vous lui riez au nez à gorge déployée. Non que vous le défiez ou le méprisiez. Mais il glisse sur vous, n'a plus d'emprise ni de texture. Vous vous offrez tout entier à lui, sans crainte ni pudeur, et lui ne vous en accepte que plus dans sa ronde incessante.

Sur la route 40, hors de question d'être pressé. Un envol de perruches, la traversée d'un troupeau de moutons, une tornade de sable vous font ralentir l'allure. Vous devez vous mettre au diapason de la route, l'écouter et la suivre, tel le métronome de votre voyage ou elle vous en fera baver. Les secousses à vous en rompre les os, le sable qui s'insinue partout, le vent qui vous lamine le visage, le soleil qui vous brûle la peau. Tels sont les obstacles que vous devez affronter. Cependant, elle n'est pas ingrate, la route 40, et si vous savez la dompter elle se donnera à vous dans toute sa démesure.

Sur la route 40, chaque pouce que vous parcourez, chaque kilomètre que vous avalez, vous offre autant de récompenses. Une lagune au creux des Andes non loin de Cachi, une cascade au milieu du désert à Amaïcha del Valle, les vallées de Famatina. Et vous estimez honteux d'avoir maudit cette route qui vous en aura fait voir de toutes les couleurs, vous vous sentez pisseux d'avoir pesté contre ses pistes défoncées, ses paysages arides et hostiles.

Sur la route 40, vous vous sentez seuls au milieu de nulle part. Vous pouvez rouler pendant des heures sans croiser ni personne, ni voiture. Juste quelques bourgs de cinq ou six maisons en pisé, les chevaux sauvages et les faucons pour voisins. Pas de technologie, pas d'impératif, pas de train à 17h18 et de rendez-vous à 18h20, pas de ''il faut que je mette à jour mon statut Facebook''. Non, sur la route 40 on ne pense à rien ni personne hormis au moment présent. On pense autrement, on envisage les choses autrement. On respire autrement.

Sur la route 40, vous y laissez une partie de vous-même. Celle qui, blasée, disait avoir tout vu et ne plus pouvoir s'émerveiller. Celle qui, déçue par les dieux et les homme, se refusait à octroyer sa foi à quoi ou qui que se soit. La route 40, elle, vous redonnera envie de croire que tout est possible, que le monde est à portée de main, qu'il suffit de tendre le bras pour toucher la félicité et de serrer les poings pour l'emmener avec soi.

    La route 40 elle a l'odeur douce des vignes de San Juan et de Mendoza, le toucher rugueux du sable de Cachi, le goût des milanesas de Doña Charo à Santa Florentina, l'apparence boiteuse et chaotique des Andes, le son du vent qui fouette et soulève la terre de Tucuman.

La route 40...

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Florie Ponsin

Photos : Mélissa Ndongo

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Commentaires
C
Florie, j'aime énormément comment tu écris, comment tu mets en avant vos sentiments, comment tu décris les émotions que vous apportent votre voyage, comment vous avancer dans cette vie à l'autre bout du monde...<br /> Ajouté à ta plume l'oeil de Mélissa pour les photos et on atteint la perfection. J'en veux encore...
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